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Une interview de Dany Maurice

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    SwingJO Index du Forum -> Charlan GONSETH (1942-2017) ses entretiens
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charlan
Membre actif


Inscrit le: 22 Jan 2009
Messages: 1505
Localisation: La Chaux-de-Fonds (Suisse)

MessagePosté le: Lun Nov 09, 2009 3:47 pm    Sujet du message: Une interview de Dany Maurice Répondre en citant

Bonjour amis SwingJO !

Vous connaissez certainement Dany Maurice. Ce joyeux drille est toujours partout où il y a de l'accordéon.

Je l'ai connu il y a longtemps lorsqu'il faisait le « clown » dans l'équipe de Marcel Azzola.

En 1992, il était à Payerne au Gala des Tumulus. Voilà :


Payerne, Restaurant du Marché « Chez la Muette » - dimanche 27 septembre 1992


C :Bonjour ! Il y a quelque temps, vous avez peut-être été surpris que l'invité de notre émission ait été un guitariste, Didier Roussin.
Cette fois, je vous surprendrai encore plus, car notre invité est un fantaisiste, un jongleur, un mime, un danseur, un..., un quoi encore, Dany ?

D : Eh bien, maintenant, un présentateur-animateur.

Il s'agit, bien sûr, de Dany Maurice, que beaucoup d'entre vous connaissent pour l'avoir vu plusieurs fois chez nous avec l'orchestre de Marcel Azzola. Bonjour, Dany !

Bonjour, Charlan ! Je suis très heureux d'être en Suisse, bien sûr, avec vous, avec les Tumulus.

Dany..., entre Dany Maurice et l'accordéon..., c'est un peu une histoire d'amour...

C'est une histoire d'amour puisque j'ai commencé en réalité ma carrière il y a 50 ans. En quatre-vingt-treize je fêterai mes cinquante ans de carrière, dont quarante-cinq ans en professionnel. J'ai débuté avec un grand accordéoniste, qui sortait de chez Jacques Hélian, qui s'appelle Charley Bazin. C'était en 1943 et j'ai commencé, en amateur, pendant trois ans avec lui.

Tu as connu l'époque des musette de la Rue de Lappe ?

J'ai connu tous les bals musette de Paris, pratiquement tous, ceux de Montmartre, ceux de Belleville, ceux du centre de Paris, le « Balajo », le « ça Gaze », le « Boléro ». J'ai connu « Le Tourbillon », le « Tango », l'« As de C½ur »...

Tu t'es donc produit dans ces boîtes.

Je m'y suis produit en tant que danseur. Et puis, avec Charley Bazin et son orchestre, j'ai travaillé dans un petit bal qui était derrière le « Balajo », à la Bastille, qui s'appelait le « Petit Balcon ». J'ai une anecdote, d'ailleurs, formidable à raconter mais, on n'a peut-être pas le temps ?

Raconte, raconte...

Si on peut, rapidement, bien ! Nous avions été engagés, avec Charley Bazin, pour, je crois, trois mois, dans ce petit bal qui s'appelait le « Petit Balcon ». Comme nous faisions des galas le samedi et le dimanche, le patron nous avait laissés partir et nous devions lui trouver un orchestre de remplacement.
Il nous avait dit « Mais il faudra me mettre, vraiment un orchestre qui tienne la route ». Charley contacte..., je ne dirai pas le nom, parce que je ne voudrais pas être un cafteur, un très bon orchestre qui devait donc nous remplacer le samedi et le dimanche. Nous reviendrions le lundi et jouerions jusqu'au vendredi et ainsi de suite.
Cet orchestre, qui était un très bon orchestre, qui avait un nom à l'époque, s'est fait lui-même remplacer au « Petit Balcon » parce qu'il avait bénéficié d'une meilleure affaire. Je ne sais pas combien il y a eu de remplacements. Toujours est-il que le patron du « Petit Balcon » s'est retrouvé avec un orchestre de cinq concierges.
Je revois toujours ce petit « Passage de l'Industrie », où se trouvait le bal du « Petit Balcon ». C'était dans les années cinquante. Il était encore éclairé avec des lampadaires à gaz. Il y avait le gars qui passait allumer le gaz, comme on allumait les réverbères de dans le temps, comme en 1800. C'était pareil. C'était un des seuls endroits qui avaient été conservés comme ça. Il était interdit aux voitures.
Le lundi, nous sommes arrivés dans ce passage. Et je vois une espèce de monceau, un tas de trucs. Je dis « Tiens, qu'est-ce que c'est, c'est curieux ». C'était nos instruments. Car nous avions doubles instruments pour partir en gala. Le patron, mécontent, les avait jetés dans la rue. Evidemment, nous nous sommes fait jeter comme des malpropres. Parce que le samedi et le dimanche, ça avait été un désastre.

Je crois que tu as eu d'autres noms d'artiste avant de devenir le Dany Maurice qu'on connaît.

Oui, j'ai toujours eu des surnoms. Quand j'étais petit, ma marraine m'appelait « Totote ». Elle était bretonne. Je ne sais pas ce que ça voulait dire. Ensuite, j'étais tellement petit (je ne suis toujours pas grand), on m'a appelé « La Souris », Et quand il y a eu l'avènement de Mickey, on m'a appelé Mickey. Quand je suis revenu à Paris, on m'a appelé « Pampero », parce que je jouais, à l'harmonica, le morceau « Pampero ». D'ailleurs hier soir, quand « le Pote » a joué de l'harmonica, ça m'a rappelé beaucoup de souvenirs.
Ensuite, je suis parti à l'armée faire l'occupation en Autriche et en Allemagne. Et comme je faisais des imitations de Mathurin Popeye, on m'a appelé « Popeye ». Et lorsque je suis rentré de l'armée, j'ai recommencé le métier plus sérieusement. Et comme j'imitais le grand fantaisiste américain Dany Kaye, tout le monde m'appelait « Dany ».
Bazin, avec qui j'étais rentré, me dit « Maintenant, il faut que tu te trouves un nom pour entrer à la société des auteurs ». Alors, j'avais pensé à « Dany Versailles », c'est ma ville natale. Charley me dit « Ca fait quand même un peu prétentieux ». Mon deuxième prénom étant Maurice, allons-y, « Dany Maurice » était né et bien né pour ceux qui me connaissent.

Et puis, tu t'es produit avec les grands orchestres ?

Oui, j'ai travaillé avec presque tous les accordéonistes, même avec Emile Vacher. Dans le temps, aux alentours de Paris, tous les mardis les cinémas étaient fermés. Un promoteur avait imaginé de louer une salle de cinéma à environ 150 km de Paris et d'y faire un festival d'accordéon. Il y avait Alexander, Gardoni, Vacher, Muréna, Bazin, Gus Viseur, Deprince, tout le monde.
Je faisais un petit sketch avec Emile Vacher. J'étais déguisé en facteur. J'arrivais rapidement dans la salle avec un grand carton. Et je le portais à Vacher et je lui faisais signer un reçu. Lorsque j'entrais dans la salle, je perturbais le spectacle. Alors tous les gens me huaient : « Ouais, c'est pas le moment ! » Et dans ce carton, il y avait un autre carton et dans ce carton-là il y avait encore un autre carton et... finalement il y avait un tout petit carton, et dans ce petit carton, il y avait un tout petit accordéon diatonique. Et Emile Vacher jouait un morceau à lui, qui s'appelait heu..., heu..., qui s'appelait... Eh ben, je ne me souviens plus, c'est un désastre. Et voilà, c'était drôle, avec Emile Vacher.
Oui, j'ai travaillé avec presque tous les accordéonistes. Je les connais tous, même les jeunes maintenant, Eric Comère, Bouvelle... Voilà pourquoi je fais la présentation de beaucoup de festivals d'accordéon.

Raconte-nous l'histoire de ton engagement chez Jacques Hélian.

Ah, ça, c'est assez curieux...
J'avais quitté Charley Bazin. On est resté en très bons termes. Mais, parfois, on veut voler un peu de ses propres ailes. Et puis on a l'impression qu'on fait beaucoup de travail. Alors, on veut un petit peu d'argent en plus. C'est partout pareil. Je suis resté en très bons termes avec avec Charley. D'ailleurs, je l'ai vu, y a quinze jours, au Lavandou, où il s'est retiré.
J'étais de retour à Paris après avoir fait la tournée avec le " Midi Libre ", la course cycliste. Il y avait un autre accordéoniste, Emile Decotty. Et j'avais gagné un peu d'argent. Chaque fois que je gagnais un peu d'argent, j'allais sur la Côte-d'Azur. Mais je prenais aussi un ticket de train pour Paris, pour être sûr d'y remonter.
A Paris, j'allais me retrouver sans travail. Mais il y avait les potes qui savaient que j'étais libre...
J'étais en train d'ouvrir ma porte quand j'entends le téléphone sonner. Je pose vite ma valise, je décroche : « Allo, ici Jacques Hélian ». Je dis « Si vous êtes Jacques Hélian, moi je suis Napoléon ! » Et je raccroche... Trente secondes après, le téléphone re-sonne. « Allo, ici Monsieur Robin, le secrétaire de Jacques Hélian... » Et alors, je dis : « Ecoutez, je suis plus Napoléon, mais je suis l'Aiglon. Alors, si vous avez quelque chose à me dire, dites-le vite, parce que je suis mort jeune ! » Et je raccroche.
Re-coup de téléphone, il me dit « Vous le faites exprès, M'sieur Dany Maurice, on vous dit que c'est le secrétariat à M'sieur Jacques Hélian... ! » Ben, je dis « Si..., si c'est vraiment vrai, vous m'envoyez un télégramme. Je bouge pas. Je rentre de voyage ! » Deux heures après j'avais le télégramme. Et l'après-midi, j'étais convoqué dans le bureau de Monsieur Jacques Hélian. Et c'est comme ça que j'ai été engagé.

Tu as beaucoup voyagé avec l'orchestre de Jacques Hélian ?

Oui, beaucoup, nous avons fait toute l'Europe, l'Afrique, le Canada, les pays de l'Est. Il y avait une très bonne ambiance. Nous étions dix-neuf. Et hier, j'ai eu la surprise, avec les Tumulus, de voir une grande affiche de Jacques Hélian sur laquelle je figurais.
Je remercie bien tout le comité des Tumulus et Titi, et vous, vous tous, pour l'accueil que vous nous réservez à chaque fois. J'adore venir ici.

Dany, je me rends compte que tu ne tiens pas tellement en place. Il y a quelques années, tu m'annonçais ta retraite...

Oui, parce que je vais quand même avoir 67 ans. Je les aurai au mois de décembre. Je me suis rendu compte que j'avais encore « la frite », comme disent les Belges, « la pêche », comme disent les Français, la forme. Et j'ai dit « Bon, j'arrête pas là ! »
Et je me suis consacré maintenant, uniquement à l'accordéon. Et je fais des festivals d'accordéon. J'aide les organisateurs à le faire. Et je fais engager mes collègues accordéonistes. J'aime bien organiser.

Dany Maurice, nos rencontres ont toujours eu lieu un peu par hasard. Je souhaite à nos auditeurs qu'ils te rencontrent aussi par hasard, car ils passeront un moment formidable, de franche rigolade, dont ils se souviendront. Merci beaucoup, Dany et, au hasard d'une prochaine rencontre...

Merci Charlan et merci à vous tous , les amis suisses, à bientôt, au revoir.

Au revoir, bon dimanche à tous.

Merci.


Dany a écrit plusieurs livres consacrés à ses amis accordéonistes. Ils y sont tous mentionnés.

Il co-écrit des musiques, des paroles. Il édite des disques d'accordéon. A plus de 80 ans, il déborde de vie.

Si vous le rencontrez, vous verrez, c'est un courant d'air.

Prochain chapitre : Jean Corti 2

Au revoir !

Charlan
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jc-erard
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Inscrit le: 17 Jan 2005
Messages: 3136
Localisation: GENEVE

MessagePosté le: Lun Nov 09, 2009 4:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Toujours aussi captivants, ces récits,...
tranches de vies merveilleusement racontées,...on s'y croirait

Grand merci Charlan, Very Happy (narrateur officiel de SwingJO) Very Happy

Salutaswing
jc
_________________
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biki6
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Inscrit le: 11 Sep 2006
Messages: 265
Localisation: Ville en Vermois (54)

MessagePosté le: Mar Nov 10, 2009 11:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

Super chouette, Charlan. J'adore lire tes histoires mais je crois que je ne te l'ai jamais dit.
Merci, merci.

A la revoyotte, comme on dit chez nous.
Salutations à ton épouse.

biki
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VICKING76
Membre actif


Inscrit le: 04 Jan 2009
Messages: 22
Localisation: Yville sur Seine (76)

MessagePosté le: Sam Nov 14, 2009 7:47 pm    Sujet du message: Re: Une interview de Dany Maurice Répondre en citant

Merci Charlan pour ce passionnant moment de narration.Cela me rappelle les bons moments ou l'on se refilai des contrats pour ne pas manquer l'affaire du siècle!Dire que l'on se vendait sur le trottoir, en tout honneur , toutes les semaines à Paris à la recherche de contrats.C'était l'occasion unique de rencontrer beaucoup de musiciens et les règles étaient simples. Amitiés Daniel
_________________
andree.daniel.monnier3@orange.fr
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raudebert
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Inscrit le: 22 Jan 2008
Messages: 1042
Localisation: zanzibar

MessagePosté le: Sam Nov 14, 2009 10:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

merci merci vivement CHARLAN

j'ai entendu beaucoup de bien de DANY MAURICE d'ailleurs j'ai eu aussi
des partitions de DANY en beau papier glacé où on le voit photographié
il anime régulièrement les festivals et est tres apprécié et surtout celui de
"LESTERP" ici dans ma petite ville , il y a des danseurs qui y vont tous les ans pour "le suivre"au mois d'aout et danser en plein air, sur un immense parquet sous les grands arbres fremissants au bord de l'eau
il parait que c'est un moment magique
j'ai aussi un tres tres beau cd d'ERIC COMERE qui joue divinement bien.
EXEMPLE la MAZURKA EN ZIG ZAG etc...et quelques belles valses de charley Bazin..
jacques HELIAN est vraiment une grande rérérence
D'ailleurs de campings cars qui se pressent pour les festivals et c'est tres curieux , ils viennent la veille pour avoir les meilleures places et ne plus bouger du week end , du festival .....
Certains aussi qui ne savent ni jouer ni danser non plus, ne sont là que pour ecouter l'accordéon , souvent des jeunes ,mais aussi des retraités c'est une véritable ambiance contemporaine; l'accordéon a de beaux jours devant lui....
bravo et merci charlan
renée Cool
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Joel de l'ain
Membre actif


Inscrit le: 09 Déc 2008
Messages: 400
Localisation: Trevoux (01)

MessagePosté le: Mar Nov 17, 2009 1:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour a tous

Formidable, comme d'habitude Charlan ! Dany Maurice qui intervient souvent dans la revue Accordeon&Accordéoniste est la mémoire vivante de notre instrument car il a traversé les époques depuis les années cinquante a nos jours pour le répertoire musette et aussi variétés-jazz ! Quelle classe ce monsieur !

joël de l'ain
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