JO PRIVAT
 
 
 
    Le dico à JO
    Musique à JO
    Disques à JO
    Livres à JO
    Titres à JO
    La voix de JO
    Articles
    Partitions
    Vidéos
 
  Disque Manouche Partie. Collection : Emile SOTOCA  

 L'accordéon à Montreuil en 1998 

SwingJO - Jo Privat - journal L'HUMANITE édition du 28 janvier 1998

 édition du 28 janvier 1998  logo humanite : vers l'article du journal

Montreuil sur un air d'accordéon
Exposition à voir et à entendre


Que n'a-t-on pas dit et écrit sur l'accordéon ? Il y a ceux, toujours aussi nombreux, qui l'apprécient, il y en a d'autres qui se complaisent à le dénigrer, sans connaître ses origines, sans avoir aucune idée de l'itinéraire qu'il a emprunté ; à plus forte raison, ils ignorent complètement les noms de ceux qui ont illustré cet instrument, dans des styles différents, selon les époques traversées.


La création de l'accordéon se situe aux alentours de 1830.

Au fait, à qui doit-on le premier brevet ?

A plusieurs créateurs, parmi lesquels un Français nommé Buffet, habitant le Jura, un Autrichien, un certain Demiani, un Italien et un Anglais, Wiston qui, lui, a inventé le concertina. Le principe de l'anche métallique libre, qui est celui de l'accordéon, est très ancien. Cet instrument a évolué lentement. Des sonorités nouvelles sont apparues. On peut refaire son parcours, étudier sa technique et admirer soixante-dix accordéons de toutes les factures, provenant de manufactures diverses, des "diatoniques", des "chromatiques", des bandonéons, des concertinas. La scénographie due à Roland Lamon, très astucieuse, permet aux visiteurs de cette exposition, présentée par le musée de l'Histoire vivante de Montreuil (1) d'entrer, sur un petit air d'accordéon, dans le vif du sujet, exposition dont le titre, à lui seul est évocateur : "De la rue de Lappe à la rue de Paris", cette dernière étant située à Montreuil où ont vécu des musiciens comme Adolphe Deprince, qui habitait à la Croix-de-Chavaux, André Astier, tous deux accordéonistes célèbres, compositeurs de surcroît, Jo Privat qui venait souvent à Montreuil où il comptait beaucoup d'amis, dont Mme Reinhardt, femme de Django. J'ai accompagné Jo Privat lorsqu'il est allé lui remettre, dans sa roulotte sur les hauteurs de la ville, son disque "Manouche Party", auquel Babik, le fils de Django, lui aussi guitariste, avait participé.

Les plus anciens Montreuillois se souviennent du bal Le Royal, rue de Vincennes. Sa réputation allait bien au-delà des limites de cette ville. Des bals du samedi soir, il y en avait beaucoup d'autres, avec toujours un accordéoniste sur le podium, escorté d'un batteur, d'un guitariste et parfois d'un violoniste. L'accordéon se faisait entendre dans les rues et dans les cafés à l'heure de l'apéro. Plusieurs photographies témoignent de ces intermèdes musicaux donnés par la famille Scansaroli. Les immigrés italiens de Montreuil et d'ailleurs donnaient un air de fête à leur quartier. C'est ainsi que, dans ce contexte, des vocations sont nées. Je pense, par exemple, à Marcel Azzola qui a été tenté par l'accordéon du côté des Quatre-chemins, à Pantin. Plus généralement, l'accordéon a progressé dans les centres miniers où se côtoyaient les amoureux de la musique de toutes nationalités. L'accordéon s'est fait entendre dans toutes les manifestations, sur le pavé de Paris, dans les entreprises en lutte, en 1936, en 1968, mais aussi sur le Tour de France, avec Yvette Horner, notamment aux Six Jours de Paris qui firent les beaux soirs du Vél' d'hiv, avec Frédo Gardoni et son orchestre. J'ajouterai la Fête de l'Humanité, de Garches à La Courneuve, où Louis Péguri a animé l'Amicale accordéoniste de l'Humanité, celle-ci participait aux goguettes et aux festivités.

On revit tous ces moments-là au musée de l'Histoire vivante, par le texte, l'image et l'audiovisuel.

L'accordéon et Montreuil se sont toujours bien accordés. Aujourd'hui, Sylvie Magand dirige une classe d'accordéon au conservatoire de la ville.

Ce sont les Auvergnats qui ont ouvert le bal, rue de Lappe, rue Saint-Maur, rue de Charonne et passage Thiéré. On allait danser aux Barreaux Verts et chez Bousca, diminutif de Bouscatel, le cabaretier auvergnat qui régnait sur cet univers de la gambille. Un jour Bouscatel fit appel à un accordéoniste italien. On l'accusa de "trahison". Charles Péguri épousa, en 1913, la fille de Bouscatel. La boucle était bouclée. On pouvait passer au Musette dont Emile Vacher fut l'un de ses meilleurs interprètes. On lui doit "Reine de Musette", "Plaisance Fox", co-écrits avec son pianiste J. Peyronnin. Emile Vacher débuta aux côtés de son père, à Montreuil, à l'enseigne Le Puit-de-Dôme, chez Delpuech, 275-277, rue de Paris où il fit danser "Casque d'or".

Ensuite l'accordéon a swingué grâce encore aux Italiens : Tony Murena, Emile Carrera et à un Belge, Gus Viseur, beau-père du regretté Joss Baselli. Aujourd'hui, des musiciens comme Marcel Azzola et Richard Galliano sont des adeptes du jazz. Ils sont aussi les partenaires de musiciens classiques. Claude Nougaro a réconcilié "le Jazz et la Java". Piaf a chanté "Accordéoniste", Léo Ferré a écrit "le Piano du pauvre", et Gainsbourg s'est penché sur "Accord... accordéon"... Et que dire de tous ces grands de la chanson qui ont toujours eu un accordéoniste dans leurs formations d'accompagnement, sur scène ou en studio. Je pense à Yves Montand, Edith Piaf, Barbara, Juliette Gréco, Nougaro, Guy Béart, Georges Moustaki, ou encore Francis Lemarque, né rue de Lappe et bercé au son de cet instrument, ou Jacques Brel, "Chauffe Marcel" dans Vesoul. On pourrait allonger la liste avec, plus récemment, Jacques Higelin ou Renaud.



Décidément l'accordéon se porte bien, merci pour lui ! Guy SILVA.



(1) Musée de l'Histoire vivante, parc Montreau, 31, boulevard Théophile-Le-Sueur, 93100 Montreuil.

Tél. : 01.18.70.61.62/63. Fax : 01 48 55 16 34.
Métro : Mairie-de-Montreuil, puis autobus 122.
Prix d'entrée : 20 francs, tarif réduit 10 francs.



Article écrit par tony le 20/04/2004 (lu 6272 - catégorie : Documents) - Imprimer cette news





SwingJO © 2001 - site conçu et réalisé par tony

à ce jour : 7546685 visiteurs.