Paroles de JO
Histoire de l'accodéon entretien avec Didier Roussin
« Les musiciens de dancing et ceux du musette formaient deux clans différent, parce que le dancing c'était déjà un peu
plus huppé: on jouait des valses boston, des slows, des pasos dobles, des tangos, des trucs chics, qui, à l'époque,
n'étaient pas encore joués au bal-musette. [...] Au musette, on se serait fait siffler. [...] Au dancing, les gens
venaient en tenue habillée, les femmes portaient de belles robes, etc. Dans les bals-musette, c'était débraillée:
on dansait des polkas, des fox-trots. La rumba, on appelait ça la "frotteuse". [...] Dans les dancings, les couples
ne dansaient pas collés. Les valses se dansaient "écartées". Les formations étaient plus importantes et comportaient
des cuivres. Au bal-musette, même pas une clarinette. Quelquefois un mec jouait du "monocorde" ou "boîte à cigares",
une grosse boite à cigares avec un manche à balai "branché" dessus. On ajoutait une corde pour faire contre-chant,
genre violon. La boite à cigares faisait caisse de résonance, c'était marrant dans les tangos. »
« Le charleston marchait très fort. Le black-bottom aussi, c'est un dérivé du charleston. Cela se jouait avec des cuivres,
et on ne les dansait que dans les dancings. Après c'est venu au bal- musette et on les a joués à l'accordéon. À l'époque
les batteurs avaient des grosses caisses énormes. je me souviens d'un batteur qui jouait au bal-musette : Toto, il était
tout petit, on ne le voyait plus, et pour jouer un coup de cymbale il fallait qu'il se lève. »
« La valse, c'est la base du musette, avec la java. Un paso-doble ou un fox-trot, ce n'était pas du musette... »
À propos de la vibration...
« Malheureusement, les jeunes s'en dégoûtent parce que c'est le plus mauvais qu'on entend. Je ne veux pas donner de noms,
mais certains se reconnaîtront. D'ailleurs c'est ceux-là qui gagnent le plus d'oseille. Ils ont foutu l'accordéon en l'air
avec leurs sonorités à la noix et toujours les mêmes ficelles, on n'en sort plus. »
au p'tit jardin
« Au P'tit Jardin, c'étaient vraiment des méchants. Il y avait pas de mômes, pas d' tocards au P'tit jardin,
pas de sprats, tu vois, les p'tits poissons, les anchois... En argot le sprat c'est un p'tit maque, un dos-vert,
un bizet, un barbillon... oui, un barbeau d' pissotière, pour être vulgaire... Attention! C'étaient des durailles
au Ptit jardin, le coin des Corses et des Gitans, un cercle plus fermé. A l'époque c'est les Corses qui dét'naient
le pavé d' Montmartre. T'avais pas beaucoup d' Français dans c' camp-là... Trois clans y avait : Gitans, qu'étaient
rue La Rochefoucauld, Corses, et Siciliens aussi... Au P'tit jardin, entrait pas n'importe qui... »
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